Inde du Sud – Sylvie

Sylvie en Inde du Sud

Témoignage de Sylvie, bénévole avec Globalong en Inde du Sud

Je me souviens encore de ce matin-là à Bangalore. Après plusieurs jours d’adaptation, les responsables du programme m’ont conduite dans un bureau pour la grande révélation du projet qui m’attendait. Leur accueil, toujours souriant et bienveillant, n’a fait qu’amplifier ma curiosité. C’est à ce moment-là que j’ai découvert ma mission : expérimenter une solution écologique pour lutter contre les fourmis rouges dans une plantation de cocotiers et de bananiers située à Kollegala, une petite ville au sud de Bangalore.
À peine 200 km nous séparaient du terrain d’expérimentation, mais je n’imaginais pas encore à quel point cette expérience allait être intense, dépaysante et riche en apprentissages.

Avant de partir, on m’a confié un petit boîtier Wi-Fi. Cet outil m’a permis de maintenir le contact avec l’équipe de coordination et d’assurer un suivi régulier des résultats. Ce détail technique allait s’avérer essentiel dans les jours à venir.

Sylvie en Inde du Sud

Les premiers pas sur le terrain

Le lendemain, le départ a sonné comme une promesse d’aventure. Sur place, à Kollegala, j’ai été plongée directement dans le vif du sujet !
Première consigne : se couvrir de la tête aux pieds. En Inde du Sud, la nature ne fait pas de cadeaux : moustiques, soleil brûlant et surtout… les fameuses fourmis rouges, connues pour leurs morsures cuisantes.
Ces petites envahisseuses avaient colonisé des hectares entiers de plantations. Elles avaient bâti leurs forteresses dans les troncs, creusé des galeries, installé des garde-manger… et défendaient leurs reines avec acharnement. En observant leur organisation, j’ai ressenti une forme d’admiration : une société parfaite, hiérarchisée, efficace — mais malheureusement destructrice pour les cultures.

Je me suis rapidement retrouvée dans la peau d’un David affrontant son Goliath. D’abord, j’ai enfilé mes bottes, gants et K-way épais. Ensuite, j’ai trouvé une motivation à toute épreuve, malgré les 30 °C ambiants.
Heureusement, je n’étais pas seule. À mes côtés, plusieurs travailleuses du village étaient formidables, souriantes et pleines d’humour.

Sylvie en Inde du Sud

Des échanges humains inoubliables

Chaque jour commençait par une séance de débroussaillage dans les rangées de cocotiers. Le travail manuel, en pleine chaleur, demandait de la patience et beaucoup d’énergie.
La barrière de la langue aurait pu être un frein, car le kannada, langue locale, n’est pas facile à apprendre. Nous avons d’abord communiqué par gestes, rires et regards. Puis, Google Traduction a parfois servi d’intermédiaire… avec des résultats surprenants ! Je me souviens d’un échange où, toute fière de ma phrase bien construite, j’ai vu mes collègues éclater de rire avant de m’expliquer qu’elles… ne parlaient pas anglais non plus !

Malgré ces incompréhensions linguistiques, une vraie complicité s’est installée. Leur gentillesse m’a particulièrement touchée. Elles m’ont initiée aux gestes du quotidien, m’ont appris quelques mots de kannada et surtout, m’ont fait découvrir la cuisine locale : des chapatis tout juste cuits, accompagnés de bananes bien sucrées offertes par un agriculteur du coin.
Ces moments simples, partagés après une journée de travail, restent parmi les souvenirs les plus précieux de mon séjour.

Sylvie en Inde du Sud

Une mission écologique et expérimentale

Ma mission avait un objectif bien précis : mettre au point une stratégie écologique pour réduire la prolifération des fourmis rouges, sans nuire à la biodiversité environnante.
Les coordinateurs m’avaient laissé carte blanche pour tester différentes approches, à condition qu’elles soient respectueuses de l’environnement.

Première approche : j’ai mélangé du bicarbonate de soude et du sucre, puis disposé ce mélange autour des nids. Les fourmis, attirées par le sucre, emportaient avec elles le bicarbonate censé les intoxiquer. L’idée était simple : un moyen naturel d’agir sur la colonie sans recourir à des produits chimiques. Mais ces petites malignes reconnaissent vite ce qui les menace ! L’efficacité est restée limitée, même si la méthode a permis de ralentir leur activité.

Deuxième approche : pulvériser une solution composée de vinaigre et d’eau autour des troncs et sur les feuilles enroulées des bananiers.
C’est dans ces replis que se cachaient les pucerons, alliés involontaires des fourmis, car ils produisent du miellat, une substance sucrée dont les fourmis se nourrissent. En agissant sur cette source de nourriture, nous espérions perturber leur écosystème.
Chaque pulvérisation nécessitait précision et endurance : un pulvérisateur d’une main, un bâton de l’autre pour soulever les feuilles et inspecter les nids. Certains étaient minuscules, d’autres gigantesques — de véritables labyrinthes vivants.

Sylvie en Inde du Sud

Observer, comprendre, agir autrement

Ce travail m’a appris à regarder la nature différemment.
En observant les fourmis, j’ai compris leur rôle. Bien que leur présence soit problématique pour la culture, elle témoigne d’un équilibre fragile. L’objectif n’était pas de les éradiquer, mais de restaurer une cohabitation plus saine.
Chaque tentative devenait une leçon d’humilité. On ne « gagne » pas contre la nature, on apprend à s’y adapter.

Entre deux journées d’expérimentation, nous prenions le temps d’échanger sur les pratiques agricoles locales, d’observer les méthodes d’irrigation et d’identifier d’autres pistes pour rendre la culture plus durable : compostage, rotation des parcelles, utilisation d’engrais naturels…
Le développement durable, ici, prenait tout son sens. C’était une alliance entre savoir-faire traditionnel et solutions modernes. De plus, cela respectait le vivant.

Sylvie en Inde du Sud

L’aventure humaine avant tout

Au fil des jours, j’ai senti le lien avec l’équipe se renforcer. Nous partagions des repas, des rires, parfois même des chansons improvisées au milieu des rangées de cocotiers.
Chaque visage, chaque mot, chaque sourire traduisait cette hospitalité indienne si particulière — simple, vraie, généreuse.

Ces semaines à Kollegala m’ont appris bien plus que je ne l’imaginais : la patience, l’observation, la résilience, mais aussi l’humilité face à l’immensité du monde naturel.
Je suis repartie de là avec la conviction qu’une démarche écologique, aussi petite soit-elle, peut avoir un grand impact si elle est menée avec respect et collaboration.

Sylvie en Inde du Sud

Mon bilan

Cette mission a été pour moi une véritable immersion au cœur du développement durable : un apprentissage scientifique, humain et culturel.
Entre les expérimentations de terrain, les échanges interculturels et la vie partagée avec les habitants, chaque jour a contribué à me faire grandir.
Je repars avec des souvenirs forts : le goût des chapatis chauds, les rires autour du traducteur capricieux, les couleurs de Kollegala au lever du jour et surtout, la fierté d’avoir apporté ma pierre — même minuscule — à un projet porteur de sens.

L’Inde m’a accueillie avec intensité, et je sais que cette expérience restera gravée dans ma mémoire comme une aventure humaine inoubliable.

Sylvie en mission en Inde du Sud

Le mot de la team Globalong

La team Globalong remercie chaleureusement Sylvie pour son engagement, son énergie et sa curiosité scientifique !
Son témoignage illustre parfaitement l’esprit du volontariat : agir concrètement pour un monde plus respectueux de la nature, tout en partageant des moments humains riches et sincères.
Bravo à elle pour sa participation à cette mission de développement durable en Inde du Sud, menée avec passion et bienveillance !