Témoignage d’Alicia, bénévole avec Globalong en Thaïlande
Alicia, en stage à Chiang Mai : grandir au rythme d’une Thaïlande solidaire
Arriver à Chiang Mai, c’est d’abord recevoir une bouffée d’air chaud, des odeurs d’épices, des sourires sincères et une énergie qui vibre partout. Pour Alicia, c’est aussi le point de départ d’une aventure humaine qui bouscule, apprend, et transforme.
En mission en Thaïlande depuis plusieurs semaines, elle a rapidement compris qu’ici, rien ne fonctionne tout à fait comme en France. Les codes sont différents, les habitudes aussi… et pourtant, l’essentiel reste universel : le lien humain.
Les premiers jours : immersion, repères, sensations nouvelles
Dès son arrivée, Alicia rejoint l’équipe locale qui l’accueille. Un week-end d’intégration est organisé pour lui permettre de prendre ses marques. Pendant deux jours, elle découvre la langue thaï, apprend quelques bases essentielles pour s’orienter et échange avec les personnes qui l’accompagneront tout au long de son stage.
Les journées sont rythmées par les découvertes. Les marchés colorés, les odeurs de citronnelle, les temples nichés à chaque coin de rue, les offrandes déposées au lever du soleil, les prières, les encens, les sourires spontanés. Le week-end se transforme vite en un premier voyage à l’intérieur du pays, de sa culture et de sa douceur.
« J’ai appris quelques mots, évidemment je ne suis pas bilingue en deux jours… mais j’ai appris assez pour dire bonjour, merci, au revoir, demander si ça va. Et ici, ça compte. On voit tout de suite que l’effort est apprécié. »
Elle goûte à la nourriture locale, parfumée, parfois surprenante, souvent délicieuse, puis mange avec les mains, avec des baguettes, avec une cuillère selon les plats. Alicia s’essaie aux fruits exotiques, découvre les herbes inconnues, les bouillons puissants, les sauces pimentées dont la force annonce toujours un sourire amusé autour de la table.
Elle observe beaucoup, s’imprègne. Et sans s’en rendre compte, elle commence déjà à changer son regard.
La rencontre avec la structure : un quotidien riche de liens
Le lundi suivant, Alicia intègre la structure dans laquelle elle effectue son stage : un lieu de vie accueillant des enfants et de jeunes adultes en situation de handicap. Ici, pas de barrières, pas de grands portails, pas d’espace cloisonné. Les jeunes circulent librement, à l’intérieur et parfois même à l’extérieur. Le cadre peut dérouter, surtout lorsqu’on arrive d’un environnement où la sécurité encadre chaque geste. Mais ici, c’est un autre modèle. Une autre manière d’accompagner.
« Au début, j’ai été surprise. Les jeunes vont, viennent, parfois sans prévenir. Le rapport au risque n’est pas le même, la notion de surveillance non plus. Et j’ai très vite compris que pour m’intégrer, je devais apprendre à regarder autrement, à lâcher mes réflexes, à observer avant de juger. »
Les matinées sont des espaces de liberté créative. Les jeunes explorent comme ils le souhaitent : des ateliers de danse improvisés, du coloriage sans modèle, des puzzles qu’on commence sans forcément les finir, du chant parfois doux, parfois puissant. Il y a une sorte de joyeux chaos organisé, porté par des rires, des gestes spontanés, des moments suspendus.
Le midi, Alicia aide les plus jeunes au moment du repas. Ici, on mange avec patience. Avec présence. Chaque personne prend le temps nécessaire. Certains ont besoin d’aide, d’autres simplement d’une présence rassurante à côté d’eux.
Les après-midis, il n’y a pas d’emploi du temps figé. Pas de planning serré. Pas de programme écrit au tableau. Surprise, spontanéité et coopération deviennent les piliers des journées.
Trouver sa place, créer du lien
Les premiers jours sont consacrés à l’observation. Alicia regarde, apprend, et surtout respecte le rythme. Elle voit immédiatement que l’entraide est la norme ici. Les plus jeunes aident les plus âgés sans qu’on ait à leur demander. Ceux qui parlent peu compensent par une attention aux autres infinie. Et ceux qui ne peuvent pas dire les choses les montrent dans un regard, un geste, une main posée sur une épaule.
Puis, progressivement, elle prend part au mouvement. Avec l’équipe, elle co-construit les activités : ateliers peinture, séances de coloriage géant, parcours sportifs improvisés, jeux en extérieur, exercices de motricité pensés ensemble. Ici, on ne dirige pas, on propose. On ne force pas, on invite. On ne corrige pas, on encourage.
« Ce qui m’a le plus surprise, c’est leur capacité à s’entraider naturellement. Personne ne laisse quelqu’un derrière. Ce n’est pas un discours, ce n’est pas un principe… c’est un réflexe. Et ça m’a profondément marquée. »
Les liens se créent doucement. Dans un rire partagé, dans un pinceau tendu, dans une main qui trouve l’autre. Dans leurs regards aussi, parfois timides, parfois francs, souvent remplis de malice. Et puis il y a l’équipe locale, qui accueille Alicia avec cette hospitalité propre à la Thaïlande : généreuse, chaleureuse, taquine aussi.
« Ils adorent me faire goûter des choses improbables. Vraiment improbables. Et ils rient à chaque fois. Ils me regardent, attendent ma réaction, et je crois que ça les amuse autant que moi. »
Les “vacances” mensuelles et les visites à domicile : un autre visage de la réalité
À la fin de chaque mois, les jeunes retournent quelques jours auprès de leurs familles. Pendant cette période, Alicia ne reste pas en retrait. Au contraire, elle accompagne l’équipe lors des visites à domicile. Ce qu’elle découvre alors va laisser une empreinte durable.
Les maisons ne ressemblent pas à celles qu’elle connaît. Certaines sont fragiles, faites de bois, de tôle, parfois ouvertes sur l’extérieur. D’autres sont modestes, sans fioritures, sans confort superflu. Mais aucune ne manque de chaleur humaine.
Les familles l’accueillent comme si elle faisait partie des leurs. Elles offrent des fruits, des boissons, parfois même des couvertures ou des repas préparés avec leurs propres ressources. Et toujours avec cette même phrase silencieuse : « Prenez. On partage. »
« Ce qui m’a le plus touchée, c’est leur générosité. Ils n’ont parfois presque rien et pourtant, ils donnent. Pas par devoir. Par naturel. Parce que pour eux, partager c’est vivre. »
Elle observe aussi des réalités plus difficiles : l’isolement, l’absence d’accès à certaines aides, le manque de moyens médicaux, le poids du handicap dans des environnements où l’accompagnement spécialisé reste fragile. Mais jamais sans voir, en parallèle, l’amour immense qui entoure chaque jeune.
Cette période hors de la structure lui montre aussi son rôle : accompagner ne se limite pas à un cadre. Ça se poursuit dans les familles, dans les routes en terre, dans les sourires sans filtre, dans les mains tendues qui n’attendent rien en retour.
Découvrir la Thaïlande autrement
Parce qu’un stage à l’étranger, c’est aussi découvrir un pays, Alicia profite de ses moments libres pour s’imprégner de la Thaïlande. Pas comme une touriste pressée de cocher une liste, mais comme une voyageuse curieuse, attentive, lente.
Elle visite des temples majestueux, s’émerveille devant les détails dorés, écoute les chants résonner dans des lieux où le temps semble suspendu. Alicia marche dans la jungle humide, observe les cascades puissantes, sent l’air se rafraîchir sous la canopée… Découverte d’un sanctuaire d’éléphants, pas comme un spectacle, mais comme un lieu de respect où les animaux vivent à leur rythme, sans chaînes, sans exploitation.
Chaque sortie nourrit son regard, chaque paysage reconfigure ses priorités, chaque rencontre lui rappelle que la vie est plus vaste que ce qu’on en perçoit quand on reste sur les lignes d’un quotidien programmé.
Ce que ce stage lui apprend naturellement
Au fil des jours, quelque chose change, subtilement mais sûrement.
Elle apprend :
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à ralentir, parce que l’urgence n’est pas partout utile,
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à observer avant d’agir,
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à écouter au-delà des mots,
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à accepter de ne pas tout comprendre immédiatement,
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à laisser la place aux silences,
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à célébrer les petites victoires plutôt que d’attendre les grandes,
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à exister dans la patience,
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et surtout, à apprendre de ceux qu’elle pensait venir aider.
Car c’est sûrement là le plus grand enseignement : l’impact n’est jamais à sens unique. Et ceux qu’on accompagne nous transforment souvent plus qu’on ne les transforme.
Le bilan
« Ce stage m’apprend chaque jour que l’humain est la plus belle des rencontres. Ici, les choses se vivent avant de se penser. L’entraide n’est pas un concept, elle est un moteur. Les sourires ne sont pas des réponses polies, ils sont une langue à part entière. Et la générosité n’a pas besoin d’abondance, elle a juste besoin d’un cœur ouvert. »
Le mot de la Team Globalong
Merci Alicia d’avoir accepté de vivre cette expérience avec autant d’ouverture, de respect et de curiosité. Votre engagement auprès des jeunes, votre capacité d’adaptation et votre sens de l’observation font de cette immersion un moment précieux, autant pour vous que pour les personnes qui ont croisé votre chemin.
Nous sommes profondément reconnaissants de vous compter parmi les personnes qui choisissent l’humain avant tout. Votre témoignage nous rappelle que chaque rencontre laisse une trace, et que s’investir auprès des autres, c’est aussi apprendre à mieux se comprendre soi-même.
Merci pour votre bienveillance, votre énergie et votre regard sensible posé sur le monde. Nous vous souhaitons encore de belles semaines d’apprentissages, de partage et de découvertes à Chiang Mai.
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