Inde du Sud – Sandrine

Témoignage de Sandrine, bénévole avec Globalong en Inde du Sud

CARNET DE VOYAGE

05 Août 2015:

INDE 1-1Mon 3ème jour en Inde. Pas toujours facile de s’adapter à ce pays qui me fait toucher du doigt un sentiment de vulnérabilité. Des peurs remontent: peur de me perdre dans ce grand pays, peur de la pauvreté, des gens qui voudraient me voler ou abuser de moi. C’est une sensation ambivalente qui se dégage de moi, à la fois des peurs et à la fois, de l’intensité dans la vie, les regards. Ca tourbillonne, entre les routes surchargées, énormément de gens qui circulent, qui vont et viennent, sans trop de stress malgré ce bruit et brouhaha ambiants. Je me sens perdue dans ces grandes villes et ce grand pays, avec une culture si différente et une mentalité autre que la nôtre. 12478722524_057385b18c_zUn sentiment d’ancrage profond chez les gens qui vivent intensément chaque moment, qui prennent très à coeur et au sérieux tout ce qu’ils font.

Peu importe la charge ou l’importance de l’activité que chacun réalise, il apparaît que chaque personne en Inde est très concentrée sur son activité et y met toute son ardeur et son coeur. Cette énergie là, ce centrage, c’est quelquechose d’extraordinaire en Inde. C’est peut-être pour cela que je me sens vulnérable et décalée car j’ai vraiment le sentiment d’être perdue et désaxée, comparé à tous ces gens.

16781816127_dd14c92f29_zLes valeurs sont différentes. En occident, on tend à valoriser la productivité d’une activité et à associer gain productif et valeur du travail et du travailleur. En Inde et sans doute en orient, chaque travailleur valorise, par son attitude et l’intensité de son implication, la tâche qu’il accomplit, peu importe la « valeur marchande » ou la rentabilité de la tâche. Il n’y a pas de jugement de valeur pour le travailleur en lui-même ni entre les travailleurs, c’est le sentiment que j’éprouve.

inde 2Depuis mon arrivée, je rencontre des gens formidables: Noël qui fait partie de l’association locale avec laquelle je travaille a tout fait pour que je me sente bien le jour de mon arrivée, quand je suis allée rencontrer les élèves et les personnels de l’école. Il a beaucoup d’humour. Soeur Victoria qui est la mère supérieure du couvent Ste Anne où je réside est une femme d’une très grande sagesse, très connectée à Dieu et faisant partie du HUE (Human Universal Energy). On partage donc plein de points communs sur le reiki et autres.

Inde 3Soeur Victoria m’a fait rencontrer Carmen, une espagnole qui vit en Inde et qui pratique également le reiki et la numérologie. Elle a de très forts et très justes ressentis. Elle est douée. Elle va m’aider à me sentir plus en confiance en Inde pour ce qui est des transports, déplacements, achats et autres. C’est une européenne qui vit en Inde et qui pourra m’initier aux plaisirs de ce pays.

Les enfants de l’école sont pour moi une bénédiction. Que d’énergie, de soif de vivre dans leurs yeux, des enfants qui vivent dans la pauvreté, dans la maladie (1/3 des enfants de cet école est atteint du virus du VIH) mais qui vivent si intensément la vie et leur scolarité.Inde 4

C’est une joie si forte et si profonde pour moi de les tenir dans mes bras et de jouer avec eux, comme si c’était mes propres enfants. Nous sommes comme des aimants, nous nous attirons instantanément. Ils sont beaux, puissants, démunis de tous biens, de tous liens mais si vivants à l’instant T.

Ils sont très lumineux et leurs sourires ainsi que leurs saluts et leurs mains tendues resteront très longtemps gravés dans mon coeur, tellement c’était intense!Drawing competition15

Un vrai coup de coeur pour ces petits anges!

06 août 2015:

Je participe à un cours de mathématiques dans l’école, avec les grands de l’école. Les élèves sont très concentrés sur leurs tâches.

Le professeur mène de main de maître le cours.

12478244505_d71b87c891_zAu petit matin, comme chaque matin, à 9h15, ¼ d’heure avant le début des cours, lesélèves disent tous ensemble une prière dans la cour, certains lisent également des pensées et ils terminent par chanter l’hymne national de l’Inde.

C’est incroyable de voir avec quelle conviction et quelle vitalité ils chantent, des tous petits aux plus grands.

Ils le font avec beaucoup de sérieux.

Les petits, lors de la prière, ferment les yeux avec beaucoup de force ou laissent un des 2 yeux entrouverts, ils sont trop craquants!

12020763795_bf4a8e55cc_oAu-delà des grandes difficultés que vivent ces enfants, il y a une grande conscience de la chance qu’ils ont d’être dans cette structure protectrice qu’est cette école avec une équipe d’enseignants fermes mais très bienveillants.

Pour certains élèves, par exemple, le repas qu’ils auront à l’école le midi sera peut-être leur seul repas de la journée.

Les soins sont également assurés par la structure du projet.

12020767305_c327f4b90a_oJe suis impressionnée par le niveau et la présence des élèves, que ce soit en yoga, en méditation, en mathématiques ou en danse indienne, ils s’appliquent avec beaucoup de respect à leur tâche et se montrent exemplaires.

L’élève déléguée de toute l’école se montre d’une exemplarité et d’un dynamisme sans faille.

Elle prend son rôle très au sérieux, tout en n’étant pas sérieuse elle-même. Il y a une recherche d’exemplarité chez ces élèves qui malgré leur manque de cadre parental, parviennent à s’adapter à un système scolaire ferme mais protecteur pour eux.

12021117504_58fb03f658_oL’attitude de certains enseignants est parfois très drastique voire militaire mais maintenir ces élèves, pour la plupart laissés à l’abandon par leurs parents, dans une structure scolaire reste un gros défi et je pense que cette fermeté est nécessaire pour qu’ils sentent un cadre solide et sécurisant pour eux. Pour ma part, ce matin, j’ai amené un jeu musical qui donnent des sons sur un petit clavier.

Les élèves, à tour de rôle, jouent de cet instrument et s’amusent fortement.

12020768275_f5535feb8a_oL’un d’entre eux est très doué et a le sens du rythme, il danse tout en jouant en nous communicant beaucoup de plaisir. Tous veulent participer et j’ai du mal à les contenir pour qu’ils respectent un tour. Comment trouver un juste milieu entre fermeté et lâcher prise pour que leur sensibilité artistique s’éveille à travers ce jeu?

J’assiste maintenant à un cours de « social science » où nous abordons le thème des forêts. Les cours durent 40 minutes. Il y a une cohésion dans la classe.

femmes a Bangalore globalongJe me sens quand même nerveuse et fatiguée. Les émotions sont très fortes. J’assiste ensuite à un cours d’anglais. L’enseignante est très intéressante. Elle sait transmettre son cours avec beaucoup d’interaction et de passion. Cours d’hindi maintenant. Les élèves sortent leurs livres. En Inde à Bengalore, 3 langues se parlent: le Kanada, l’anglais et le Tamil.

Les locaux des classes ne sont pas très luxueux mais il y a sur les frises du tableau des dessins coloriés en rose, violet, vert et orange, représentant des fleurs et en haut à gauche, écrit en vert et rose: la date et le jour.

Ecole pour malvoyantsLe tableau est donc accueillant, comme le sont les indiens qui observent beaucoup de respect et de chaleur dans leurs comportements, avec beaucoup de vitalité et de dynamisme.

Quand on parle du vieux monde et du nouveau monde ou bien des pays émergents, on peut effectivement penser que l’Inde en fait partie. Il y a beaucoup de bon sens dans le comportement des indiens qui font une part belle à l’action et à son intensité. Chaque action est dotée d’une intention forte et d’une magnifique présence, d’où l’intensité des échanges humains et c’est particulièrement vrai pour les liens que j’entretiens avec ces enfants.

enfants en inde globalongCertains semblent perdus et tristes mais beaucoup respirent la vitalité et le dynamisme. Au-delà de l’inconfort que je vis, de par les nouveautés et l’acclimatation au pays, j’ai conscience de vivre un moment extraordinaire dans ma vie, à travers ces échanges si intenses et si riches émotionnellement.

A la fin du cours de « social science », je suis intervenue auprès des élèves pour répondre à leurs questions: ils m’ont demandé mon prénom et je leur ai appris la phrase: « je m’appelle ».

Puis, je leur ai parlé de la capitale Paris, un élève avait un dessin de la Tour Eiffel sur son cahier.

coordinateur globalong en IndeIls m’ont demandé ce qu’on mangeait en France, j’ai parlé du petit déjeuner, ils sont très vifs et donnent beaucoup de rythme à nos échanges. Ensuite, nous avons parlé du football. Puis je leur ai chanté la chanson d’Edith Piaf, « la vie en rose ». Ils ont applaudi chaleureusement. Puis, je leur ai appris la chanson de « frère Jacques » et de « petit papa noël ».

Dans la classe suivante, j’ai enseigné aux élèves plusieurs expressions et mots en français qu’ils me répèteront en me saluant dans la cour les jours suivants.

07 août 2015:

03_indiaAujourd’hui, j’ai chanté avec les petits de 6-7 ans et c’était plein d’entrain, j’en avais les larmes aux yeux de joie et d’émotion. J’assiste ensuite à un cours de danse indienne avec les plus grandes. Elles sont très enjouées à l’idée de préparer une chorégraphie pour le jour de la fête de l’indépendance de l’Inde du 15 août. Elles sont très impliquées et chacune intervient pour construire et améliorer la chorégraphie.

Hier, je suis allée me promener avec Carmen à MJ Road, un lieu où se mêlent boutiques, restaurants et bars. Elle m’a fait découvrir un bar assez moderne où l’on peut déguster de bons cafés et chocolats viennois.

Carmen vient du pays basque, elle ne maîtrise pas très bien l’anglais mais est très habile pour négocier avec les marchands et se débrouiller.

Bangalore globalongElle me rassure et me donne de bons conseils. C’est assez déroutant de redécouvrir ce sentiment d’être comme une enfant, dépendante des autres pour se déplacer, pour tout faire et réaliser que ce qui me semblait si simple à faire en France m’apparaît comme compliqué à réaliser actuellement en Inde.

Cet après-midi, je ne suis pas retournée à l’école. J’avais besoin de repos et j’ai pu faire la sieste puis lire et écrire.

Voilà, je décide quand même de me laisser plus aller et de vivre chaque moment sans me casser la tête sur ce que je ferai demain ou après.

enfants sur le chemin de l'école globalongVivre le moment présent, dans toute son intensité, comme le font si bien les indiens.

08 août 2015:

Ce matin, plusieurs événements sont arrivés qui montrent la violence qui existe dans certaines familles de ces enfants. Les parents d’un enfant sont venus dans un premier temps, très fâchés contre la directrice en disant que leur enfant avait été violenté par un « counselor », comme un conseiller. Ils voulaient se battre avec lui, on sent une violence brute. Je n’ai pas tout compris de la responsabilité des uns et des autres mais la directrice est parvenue à calmer le papa.

Spectacle de danse avec malvoyantsAprès quoi, nous avons eu un jeune que la mère a puni sévèrement hier soir, en lui faisant subir des brûlures avec une cigarette sur le bras et le visage car elle avait eu écho qu’il avait été vu en train de fumer avec des copains. La grande soeur était là et une conversation a eu lieu avec elle pour, si j’ai bien compris, lui dire de faire passer le message aux parents qu’ils n’ont pas le droit d’agir ainsi mais je pense qu’elle même vit des violences et de l’impuissance face à des parents qui sont souvent aux prises à des addictions comme l’alcool et qui vivent dans une telle promiscuité avec leurs enfants qu’ils se laissent aller à beaucoup d’abus.

Amon niveau, j’ai essayé de détendre comme j’ai pu ce jeune en lui faisant du reiki au niveau du plexus solaire, c’est une zone où se logent les émotions dans le corps, il était en effet très tendu à cet endroit.

Summer camp Malvoyants

Le jeune a finalement repris le cours auquel j’ai assisté l’heure suivante. Une très bonne enseignante soucieuse de bien faire, pensant que je pouvais l’évaluer qui leur a fait un cours très vivant sur un poème qui s’appelle « elephants ».

12021116854_3872309603_oLes enfants comme toujours très vivants, très actifs, même l’enfant qui venait de se faire violenter participait activement à ce cours.

J’ai été très enthousiasmée par ce cours. L’enseignante disait que l’enseignement qu’elle donnait à ses élèves était comme un don de Dieu et qu’elle le dispensait au mieux pour être en paix avec sa conscience divine. Très belle définition d’un enseignement vécu avec le coeur, comme s’il s’agissait d’une mission, qu’elle réussissait parfaitement. J’ai ensuite continué dans une autre classe durant laquelle il n’y avait pas cours.

Les enfants m’ont donné de beaux dessins.

16801749040_771aa15247_zIls m’ont montré leurs cahiers et leurs manuels, ils m’ont montré leurs danses, tout ça avec beaucoup de joie. Ils ne voulaient plus que je parte. Ce sont des enfants à qui j’apporte ma présence et ma tendresse et que je valorise
beaucoup et ils me donnent également beaucoup de tendresse, de chaleur et de joie.

Les échanges que nous avons sont exceptionnels et d’une grande intensité.

12021596776_8e19c7e35c_zJe reviens à l’association Jagruthi. Noël me montre et m’explique certaines choses de l’Inde.

Il me parle des animaux, des fleurs, des arbres, des poissons.

Il est très branché nature et animaux, comme le sont beaucoup les indiens qui respectent les animaux et vivent en harmonie avec la nature.

Il me montre sur internet que l’oiseau national de l’Inde, c’est le paon, l’animal national le tigre et la fleur nationale, le lotus.

16803009199_6a39dfbe4f_zLa paon est en effet un très bel oiseau, il y a également des perroquets, des corbeaux et une végétation luxuriante autour de nous à Bengalore, dans le sud de l’Inde.

Il y a aussi une grande spiritualité en Inde: beaucoup de dévotion et de respect pour les Dieux de l’hindouisme ou pour Jésus et Marie pour les pratiquants du catholicisme.

Quand les enfants passent devant un temple ou devant une image du Christ , ils saluent et prient.

12021114574_a16bfa5b68_oQuelle dévotion!

Les petites particularités de l’Inde:

  • Quand les gens veulent dire oui, ils hochent la tête de façon latérale. C’est assez surprenant au début car pour nous, en Europe, ça voudrait plutôt dire non.
  • En temps de mousson, comme actuellement, il tend à pleuvoir souvent en soirée. Il pleut dru et ça s’arrête mais sinon, la chaleur est supportable à Bengalore.Chant en cours malvoyants
  • Les gens mangent avec la main droite et malaxent beaucoup les aliments avant de les ingérer, c’est aussi une façon de bien mélanger les épices, qui sont omniprésentes dans les plats indiens, constitués en grande partie de riz et de légumes cuisinés. Une saine nourriture qui a beaucoup de goût et de saveur.
  • Les femmes sont souvent habillées soit en sari soit en « churidar » (tunique colorée et pantalon assorti) avec beaucoup de couleurs et de dorures. Elles portent également de très beaux bijoux et et parfois des fleurs au niveau de leurs tresses. Elles sont très féminines et veulent en s’apprêtant ainsi rendre hommage à leurs dieux et déesses qui sont nombreux dans l’hindouisme (religion principale de l’Inde).02_indiajaipur
  • Quand ils conduisent, les gens se faufilent partout, en klaxonnant presque tout le temps. Il faut s’imposer car tout le monde est au coude à coude.
  • Les indiens sont très souriants et ont les yeux qui pétillent. Certaines personnes âgées et enfants ont des yeux très profonds et un regard très intense, desquels se dégagent beaucoup de sagesse et de spiritualité.
  • Les indiens sont très croyants, dans les temples, ils chantent beaucoup et jouent de la musique, du tambour entre autres. L’atmosphère qui se dégage est très chaleureuse, Beaucoup d’encens et de bougies également. Et des fleurs.

Ca y est, je prends mes marques.

detente Inde du sudJ’ai quand même encore peur de me lancer dans l’arène de la ville indienne mais je me lancerai après la fin du programme quand je serai plus disponible dans ma tête car ma principale appréhension, c’est de me perdre dans cette grande ville, en milieu de tous ces gens. Mais, ça devrait s’atténuer avec le temps et les expériences vécues.

Demain, dimanche, je devrai passer un moment avec Carmen, reste à confirmer.

Je ne sais pas encore où je résiderai les 5, 6 jours qu’il me reste après le programme.

winnerJe ne pense pas aller à Pune car d’après Carmen, le centre de méditation d’Osho qui est situé dans cette ville est très coûteux, pas très en accord avec ce que l’on peut s’imaginer du sujet.

Osho est internationalement connu et est décédé en 1990, donc ce centre jouit de la réputation de ce sage mystique.

Je me concentrerai sur Bengalore et l’Inde du Sud. Ce sera déjà un beau programme. En attendant, je pense que je vais bien me reposer ce weekend car j’en ai besoin.

Drawing competition5Entre la fatigue du voyage, le décalage horaire, l’acclimatation et les nuits où j’ai mal dormi, j’ai du sommeil à rattraper et ainsi, j’aurai les idées plus claires.

09 août 2015:

Aujourd’hui, comme prévu, je me suis promenée à « MG Street » (texto: rue Mahatma Gandhi) avec Carmen.

Nous avons mangé ensemble dans un restaurant plutôt européanisé, pris un café puis je me suis achetée des boucles d’oreilles dans un grand magasin.

proudJ’ai eu moins peur en « auto » (mini taxi) cette fois-ci (la première fois, j’ai cru mourir 10 fois); le mieux c’est de ne pas regarder la route et de faire confiance.

J’ai pu parler de choses et d’autres avec Carmen qui est quelqu’un de très intuitif et qui ressent les choses très profondément.

Nous avons parlé de nos vies respectives et j’ai pu partager des choses intéressantes avec elle. Avec soeur Victoria, également, je parle beaucoup.

Avant de concoursElle est très protectrice et me guide sur la spiritualité, le pardon, le fait de vivre sa vie plutôt que de la décortiquer, comme j’ai parfois tendance à le faire.

L’Inde m’apprend beaucoup à ce sujet, étant un pays pauvre, les gens vont plus à l’essentiel et se cassent moins la tête. A force d’organiser tellement nos sociétés, en plaçant chacun dans des cases pour soi-disant la paix de tous, nous nous divisons et nous finissons par nous perdre, par perdre l’intensité et la diversité de la vie.

inde 11C’est en nous mêlant que nous nous acceptons mieux et que nous ne nous cachons pas de nos multiples identités ou problématiques.

Là-bas, en Inde, la vie peut côtoyer la mort, la pauvreté la richesse, la douceur la violence, un méli mélo de Dieux, de couleurs, de chants et dans l’ensemble, chacun se sent concerné par ce qui est visible et qui s’étale et qui s’affirme aux yeux de tous. Personne n’est mis dans un coin ni stigmatisé. La misère est peut-être indécente mais elle a le droit d’ETRE pleinement, au même titre qu’est la richesse ou autre. C’est ce que je ressens tout du moins.

echange culturel en inde globalongSans doute moins de frustration et une acceptation qui fait que chacun est à sa place et a plus largement le droit d’être là où il est.

Demain, une indienne qui vit en Italie devrait me rejoindre dans la chambre où je dors au couvent. Donc, de nouvelles aventures à venir et une semaine encore bien intense qui se prépare. Sur ce, je vais faire dodo, good night…

10 août 2015:

Ce matin, je suis arrivée à l’école et un petit groupe s’est réuni avec moi pour improviser quelques danses.

india_18C’était très joyeux et ça m’a fait chaud au cœur de vivre ça de bon matin avec tous ces petits. En faisant les fous, ils peuvent se faire mal mais sentir la joie et le bonheur dans leurs yeux est la plus belle chose pour moi c’est une vraie bénédiction!

Après, j’ai donné un cours de français à un groupe d’élèves. Enfin, ça a commencé comme ça mais voyant qu’ils avaient quelques difficultés, nous nous sommes mis à dessiner des animaux sur le tableau. Les enfants se sont prêtés au jeu et se sont tous appliqués à faire de beaux dessins d’éléphants, de tigres, de paons, de coqs…Un moment de grâce, très doux et très beau.

La classe suivante a été l’occasion de donner un cours de français à des élèves plus grands.

salle de classe en inde globalongJe leur ai écrit les mots et phrases de présentation au tableau et nous avons joué des petites scénettes. Très agréable moment. Puis, nous avons fini par assister au cours de danse pour la préparation du spectacle. De très belles chorégraphies se mettent en place, je pense que ce sera très beau avec en plus les costumes, le maquillage, les décors…

La nouvelle volontaire qui va également travailler à l’école est indienne et vit en Italie; elle s’appelle Shomika.

Femme coutureElle est très souriante et étudie dans le social. Elle dormira avec moi dans la chambre chez les soeurs. Son copain est actuellement à Shanai et il est indien.

De beaux échanges culturels et une grande variété de personnes et de situations à rencontrer. Trois américains sont passés également par l’école. Ils préparaient une vidéo pour un projet artistique. Chaque jour apporte vraiment son lot de surprises et de variétés. En tout cas, je me sens bien et me laisse plus aller à cette ambiance festive.

11 août 2015:

Aujourd’hui, beaucoup d’émotions à nouveau avec des enfants toujours aussi mignons. Avec Shomika, nous assistons d’abord à une classe des plus petits de l’école (2-3 ans).

Ils chantent quelques airs puis nous jouons avec eux avant qu’ils ne dessinent. Avec certains enfants, même si nous ne nous comprenons pas par le langage car ils ne parlent pas encore l’anglais, la complicité néanmoins est très forte.

INDE 1-2Nous improvisons des jeux par le gestuel, les mimiques, les regards et ces liens sont très puissants, beaucoup de joies et de rires partagés. J’ai vraiment l’impression que grâce à ces enfants, j’ai renoué avec mon enfant intérieur très joyeux, très joueur, très complice, c’est vraiment très fort en émotions et en ressentis!! C’est vrai que je les fais beaucoup rire, en exagérant et en amplifiant les gestes, j’ai fait quelques années du théâtre et je me retrouve dans cette énergie mais là c’est un super public d’enfants qui reçoivent tout avec tellement de joie qu’on ne peut qu’être dans la générosité et le don de soi. Ils sont absorbés et moi également je suis absorbée par leurs regards et leur magnifique présence.

Un moment de pur bonheur et d’une grande magie!!

Après quoi, j’assiste à la préparation du spectacle des garçons qui sont en train de créer une pyramide humaine, très impressionnant et celui qui est tout là-haut a vraiment du cran et est solide sur ses jambes.

Inde 1Je continue avec la répétition générale du spectacle de vendredi, les danses se succèdent ainsi que les chants et les discours, tout un programme!

12 août 2015:

Shomika me propose d’aller avec elle demain chez le coiffeur. Elle est très coquette, très féminine et très amoureuse de son boyfriend donc elle veut se faire belle pour lui. Pour ma part, mes cheveux ont également besoin d’une mise en beauté donc ce sera l’occasion et ainsi, je serai belle pour le spectacle d’hommage à l’indépendance de l’Inde. Ce matin, il y a eu une répétition générale et demain également avec en plus la sonorisation. Ce spectacle est très vivant et très beau à voir, un bel hommage pour cette fête du 15 août. Les élèves sont très excités.

Il y a une forte effervescence dans l’école!

14 août 2015:

C’est le jour J.

INDE 1-3Le spectacle a été magnifique et très haut en couleurs! Les enfants tout aussi magnifiques! A la clôture du spectacle, j’ai dit quelques mots d’au revoir aux enfants, via le micro. Puis j’ai commencé à saluer les gens et Noel m’a proposé de faire une photo avec la principale, avec laquelle j’ai eu de très bons liens, elle étais très émue de ma voir partir et j’ai commencé à sentir les larmes monter puis ça a été le déluge. Déjà, le matin, j’avais pleuré. Les séparations sont en général émouvantes pour moi. C’est donc en larmes que j’ai dit au revoir, de façon plus individuelle, à tous ces enfants qui m’ont tant apporté par leur présence, leurs sourires, leurs « bonjour madame », leurs « hello mum » et leurs mimiques qui reproduisaient nos jeux et nos danses partagées.

Beaucoup de lumière et d’intensité dans leurs yeux.

Ces enfants m’ont vraiment donné au centuple ce que j’ai pu leur apporter car chacun d’entre eux s’adressait à moi avec toute cette intensité.

prayC’était très prenant car chaque enfant que je croisais ou plusieurs enfants à la fois m’envoyaient une telle énergie et une telle puissance de joie que je débordais littéralement de cette belle énergie. Je pense que ces abondantes larmes de la fin représentaient tout ce débordement émotionnel. En tous les cas, une expérience très riche intérieurement et une intensité de vie et de joie, comme je l’ai rarement vécue. Je garderai peu de photos car prise dans ce tourbillon émotionnel, je n’ai même pas fait de photos avec les enfants mais je devrai en recevoir de la part  de Noel et de Shomika. En attendant, leurs visages et leurs sourires resteront gravés en moi pour longtemps. Merci pour cette merveilleuse rencontre, s’il fallait que je fasse cette expérience une fois dans ma vie, c’est fait et j’en suis très heureuse.

Maintenant, pour les quelques jours qu »il me reste à passer en Inde, je vais aller méditer dans un centre de méditation qui s’appelle « pyramid valley » et qui est à une trentaine de kilomètres de Bengalore.

C’est soeur Victoria qui m’a conseillé ce lieu qu’elle connaît bien.

15 août 2015:

pray1Aujourd’hui, c’est repos. Je fais quelques courses à Coxtown, j’y vais à pied car ce n’est pas très loin du couvent et Shomika a été mon guide et m’a aidé à surmonter mes peurs de sortir; je me repère mieux maintenant. Je suis également invitée à boire un café par le coordonnateur de ma mission en Inde. Il s’appelle Dwarakanath et est accompagnée d’une amie à lui: Vijaya. Nous faisons le point sur mon séjour. Il me dit que j’ai beaucoup progressé en anglais.
C’est vrai qu’avec cette langue que je ne pratique plus depuis le lycée, j’ai pu me débrouiller mais ça a supposé beaucoup d’efforts cognitifs et surtout il fallait que je me concentre bien pour comprendre ce que les gens me disaient.

Il me propose également de m’accompagner en voiture à pyramid valley, comme il n’y a pas de train direct et de me raccompagner 3 jours plus tard.

Je suis rassurée. En attendant, je vais me reposer et me détendre au couvent jusqu’au lundi 17 matin, jour de mon départ vers le centre de méditation. Vendredi 21 août, je reprends l’avion vers la France et c’est également Dwarakanath qui m’accompagnera tôt le matin vers l’aéroport.

IMG_0639Donc, je suis rassurée car les déplacements en Inde reste mon principal souci, en tant que non habituée et pas toujours facile non plus de négocier les prix car en Inde, tout se négocie, surtout quand on est touriste, sinon, gare aux abus! C’est parfois un peu pesant mais je pense que c’est une question d’habitude à prendre.

19 août 2015:

Tout se passe bien à « pyramid valley ». C’est un centre international de méditation. Ici, tout est calme et verdure. Un lieu de nature tropicale où se balladent quelques singes et autres animaux que je découvre pour la première fois. Une végétation luxuriante, des sifflements d’oiseaux assez particuliers et une atmosphère très zen.

Une belle statue du Bouddha, un petit lac et une grande pyramide réceptrice d’une intense énergie.

En effet, quand on grimpe les escaliers pour aller vers le point culminant de cette pyramide, les ressentis sont forts, l’énergie est haute.

IMG_0656Le premier jour, j’ai beaucoup pleuré et ai visualisé beaucoup de couleurs, d’oiseaux ainsi que la figure du Bouddha.

Après ce nettoyage des larmes, j’ai pu me laisser aller à mes perceptions, mes ressentis et à l’écoute de mes besoins. Ce recentrage que procure la méditation que je pratiquais en moyenne 5 heures par jour fait beaucoup de bien.

Ca permet de resituer ses besoins et d’éclaircir certaines situations, certains liens affectifs et certains projets.

C’est comme un dialogue de soi-même avec soi-même, dans le calme, le détachement et sans influence extérieure.

Ca devrait être prescrit par la sécurité sociale car même si je conçois que ce n’est certes pas une démarche facile pour tout le monde compte tenu de nos vies intensives, c’est quand même une façon de reprendre contact avec sa « boussole intérieure » et de recadrer des choses quand tout va de travers.

rajasthan globalongEgalement, j’ai ressenti cette puissance que l’on a à l’intérieur de nous.

Très souvent, on va chercher à l’extérieur, dans nos produits de consommation, nos addictions, nos médicaments, nos loisirs parfois futiles et onéreux des choses qui, croit-on, nous rempliront alors qu’en faisant le calme en nous et en étant dans des lieux paisibles, nous trouvons simplement et gratuitement tout ce dont nous avons besoin, en termes de paix d’esprit et de chaleur intérieure.

Ca aussi, c’est comme les enfants, c’est si simple et si puissant!

Mais, les choses simples nous font souvent peur, on est tellement parti dans des progrès scientifiques, matériels, intellectuels que revenir à la simplicité, ce serait comme se dire:

Femmes indiennes Globalong« mais qu’est-ce qu’on a été idiot de s’être autant pris le chou pour créer des systèmes si compliqués, si onéreux alors qu’on a tout en nous, à portée de main et gratuitement. »

Difficile d’être simple et de s’avouer que cette simplicité est si puissante! Voilà pour mes ressentis. Du coup, je pense que ma vision de la vie est en train de changer. Tout ne se fera pas tout de suite mais par exemple, j’ai fortement ressenti l’envie de vivre dans une maison avec de la nature autour, besoin d’un retour aux sources et d’arrêter avec cette consommation compulsive qui dans le fond, ne me satisfait pas.

20 août 2015:

Dernier jour en Inde.

Turban inde GlobalongCe matin, au centre de méditation, j’ai eu l’honneur de rencontrer en personne Patriji, qui est le créateur de tous ces lieux de méditation pourvus de cette structure pyramidale. Il diffuse par ailleurs, de par le monde, des messages au sujet des bienfaits de la méditation et de la protection des animaux, par une alimentation végétarienne. Selon lui, méditer en étant tout simplement attentif au va-et-vient de notre souffle, nous amène à accéder à plus d’intelligence et à plus de conscience.

Suite à cette rencontre, je suis rentrée à Bengalore pour dire au revoir à toutes les personnes qui m’ont accompagnée durant ce voyage. Soeur Victoria d’abord que j’ai chaleureusement remerciée pour son accueil, sa protection et ses conseils.

femme Inde GlobalongJe suis allée ensuite à l’association locale pour dire au revoir à Rénu, la directrice qui a dit au coordonnateur qu’elle avait été très satisfaite de mon travail auprès des jeunes. Egalement à Noel, aux filles Shivita, Guita, Danaleshmi et Barati et à tous ceux qui m’ont accueillie avec gentillesse.

Puis, j’ai vu Carmen dans notre café favori pour une dernière « charla » (discussion). Je n’ai pas perdu mon espagnol, c’était reposant pour moi de parler l’espagnol, comparé à l’anglais. Tous ces au revoir avec beaucoup d’émotions et le souhait de revenir dans ce grand et beau pays qui m’impressionne encore mais dans lequel je me sens si bien. J’avais d’ailleurs écrit un poème sur l’Inde, en mai-juin, au moment où je prenais la décision de partir là-bas. Je pense qu’il était prémonitoire. Je vous le livre:

INDE

Terre d’exil, terre de richesses

Tu t’agites, tu es en liesse

Inde aux couleurs de sagesse

Nous étions unis en ivresse

Tu agites tes drapeaux

Pour en faire des coraux

Aux couleurs des vitraux

Nous n’en  avions jamais trop

Terre de bonté, terre de beauté

Tu m’as envoûté

Au lointain, je fais le gué

Et j’y vais pour me ressourcer

Tu es mon âme soeur, mon pays de coeur

Celui que j’apprivoiserai sans labeur

Et me remplira de bonheur

Autant d’amour ne meurt

Je t’aime déjà sans te conaître

Mais je te sens et me sens renaître

Pour toujours, je m’unirai à ton sceptre

Pour ne jamais te voir disparaître.

Sur ce, chers lecteurs, je vous remercie pour votre attention, j’espère que ce récit vous aura autant plu dans la lecture qu’il  m’a plu dans l’écriture et qu’à travers mes mots, vous avez pu partager l’intensité de ce que j’ai vécu durant ce séjour!

Merci l’Inde, mon pays de coeur, NAMASTE et suite au prochain épisode…

SANDRINE

 

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